La COP sur la biodiversité à Montréal – Ce que cela signifie pour le N-B
par Roberta Clowater
Ce mois de décembre est une période passionnante pour les initiatives en faveur de la nature. Tous les yeux sont tournés vers Montréal pour la COP sur la biodiversité – la 15e Conférence des parties qui ont signé la Convention des Nations Unies sur la biodiversité. Des chefs de gouvernement du monde entier se réuniront pour décider d’un nouveau plan de protection de la nature. À ce moment charnière, voici pourquoi cette grande réunion est importante pour les décideurs du Nouveau-Brunswick.
Tous les habitants du Nouveau-Brunswick dépendent de la nature pour soutenir leurs cultures, leur santé et leur économie. Une nature intacte protège nos collectivités des inondations, des ondes de tempête et de l’érosion des sols. La nature sauvage offre un habitat aux abeilles pollinisatrices et garantit des bancs de poissons en santé.
Une nature saine est synonyme d’équilibre et de connexions. Nous avons besoin de zones protégées pour que la nature ait des endroits où elle peut simplement être la NATURE.
Chaque année, des rapports d’experts fournissent des preuves du déclin rapide de la nature : davantage d’espèces sauvages sont menacées, il y a moins de forêts intactes, les zones humides rétrécissent et ne peuvent ainsi plus contenir la montée des eaux. La majeure partie du problème est causée par la perte d’habitats due au développement, à la pollution, à la surexploitation et aux changements climatiques.
Pour ceux qui sont attentifs, ces résultats sont un retentissant signal d’alarme annonciateur d’un gros problème. Nous sommes en déséquilibre avec la nature.
Pour aider à rétablir l’équilibre, le Canada et des centaines de pays s’engagent d’ici 2030 à protéger 30 % de la planète pour la nature. Cette cible des 30 % et l’échéance de 2030 donnent aux gouvernements un sentiment d’urgence. La cible indique que la nature est une priorité d’action et nous motive à accomplir ce que nous avons dit que nous ferions.
Or, le Canada n’est même pas encore à mi-chemin. Nous avons tous du travail à faire pour y arriver.
La plupart des décisions sur la façon et l’endroit où protéger la nature sont prises par les provinces. À l’heure actuelle, environ 6 % du Nouveau-Brunswick est fortement protégé pour la nature. Le gouvernement du Nouveau-Brunswick doit intensifier ses mesures pour répondre à l’urgence du Canada en matière de protection de la nature.
En juillet, le ministre des Ressources naturelles du Nouveau-Brunswick, Mike Holland, a annoncé la création de 84 nouvelles zones protégées dans le cadre du patrimoine naturel. Ces nouvelles zones constituent un grand pas dans la bonne direction pour la conservation de la nature au Nouveau-Brunswick. Le gouvernement prévoit que 10 % de la province sera protégé d’ici 2023. Nous devons encourager notre gouvernement à en faire encore plus!
La SNAP Nouveau-Brunswick propose une feuille de route pour y parvenir ensemble.
Voici cinq mesures que le gouvernement provincial doit entreprendre dans la foulée des réunions de la COP sur la biodiversité :
- Sécuriser par des voies légales l’ensemble des 10 % de zones protégées.
- Développer un plan pour protéger des zones supplémentaires au-delà des 10 %, y compris les zones proposées par les Premières Nations, les citoyens et les organisations dans le cadre du projet Patrimoine naturel.
- Avec les Premières Nations, créer de nouvelles façons de cogérer et de veiller à l’intendance concertée des zones protégées, et identifier les zones que protègent et conservent les Premières Nations à l’appui de leurs valeurs et de leurs liens.
- Engager les collectivités à participer à l’intendance et à la gestion des aires protégées, et créer des emplois dans une économie de la conservation.
- À l’échelle de la province, adopter des pratiques industrielles plus respectueuses de l’environnement, afin de s’assurer que les habitats entre les zones protégées sont bien reliés entre eux.
Pour que le Nouveau-Brunswick fasse sa part pour la nature, nous devons nous assurer qu’il ne s’agit pas simplement de chiffres lancés en l’air. La nature et la faune ont besoin d’une protection solide à long terme, protection garantie par la loi. Nous ne pouvons pas simplement prétendre que nous protégeons les habitats et dire que le travail est terminé.
Nous devons avoir des refuges où peuvent se développer des espèces sauvages telles que la martre d’Amérique, la baleine noire de l’Atlantique Nord, le saumon atlantique sauvage et la paruline du Canada, qui est une espèce menacée. Nous devons conserver les tourbières qui stockent le carbone et absorbent les eaux de crue, ainsi que les vieilles forêts qui ombragent les cours d’eau froide pour les poissons. Nous avons besoin de grandes étendues de terre et d’océans pour permettre aux animaux sauvages de se déplacer afin de se nourrir, de s’abriter et de se reproduire. Nous devons gérer et surveiller ces habitats protégés pour faire en sorte qu’ils aident la nature à se rétablir.
Les Néo-Brunswickois nous ont dit qu’ils voulaient que la nature soit protégée, et ils veulent participer à ce projet. De récents sondages d’opinion publique nous indiquent que 80 % des Néo‑Brunswickois veulent protéger au moins un quart de la province pour la nature et la faune. Pour assurer la prospérité future de la nature et des gens, nous devons protéger beaucoup plus de terres et d’océans.
Nous savons que nous sommes la génération qui doit stopper et inverser la double crise des changements climatiques et de la perte de biodiversité – et nous pouvons y arriver. Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre plus longtemps pour changer les choses.
Tous, nous devons nous serrer les coudes pour agir en fonction de nos responsabilités communes envers la nature. Il est impératif que les administrations du Nouveau-Brunswick s’engagent à atteindre des objectifs encore plus ambitieux que la protection de 10 % de notre province.
En tant que société, nous devons saisir les occasions de comprendre tous nos liens avec la terre et l’eau et nous devons en tirer parti. Nous devons adopter et renforcer les connaissances et les mesures de conservation entreprises par les membres des Premières Nations. Nous devons renforcer les liens que les gens ressentent avec la nature sauvage, afin de vraiment reconnaître notre rôle dans la nature.
Toutes nos voix comptent. Faisons de la Conférence des parties à la Convention des Nations Unies sur la biodiversité de Montréal le point tournant d’une mobilisation en faveur de la nature. Il est temps que tous nos chefs de gouvernement écoutent les Néo-Brunswickois et prennent des mesures audacieuses pour s’assurer que nous vivons dans un meilleur équilibre avec la nature.