Des dommages potentiels que pourrait causer le sentier de motoneige proposé au Mont Carleton
Le plan d’élargissement d’un sentier pédestre qui remonte le plus haut sommet aux Maritimes et de l’ouvrir à l’usage par la motoneige au sein du seul parc sauvage désigné au Nouveau Brunswick : tout cela inquiète fortement la Société pour la nature et les parcs du Canada, section du Nouveau-Brunswick (SNAP NB) et les Ami(e)s du Parc provincial du Mont Carleton.
« Ce n’est que récemment que nous avons appris ce projet de sentier pour le Mont Carleton, qui fait partie d’un plan d’augmenter les sentiers de motoneige dans le nord du Nouveau-Brunswick. Le gouvernement semble être prêt à accepter cette proposition sans une analyse environnementale ou sans consultation publique. On verrait donc un sentier pédestre remontant le Mont Carleton et dont la largeur serait doublée à 12 pieds et dont la voûte forestière au-dessus serait coupée à une hauteur de 12 pieds, » déclare Roberta Clowater, Directrice générale de la SNAP NB.
« Ce type de développement va fragmenter l’habitat de la faune sauvage, y compris celui de l’orignal, du polatouche (écureuil volant) et de la martre d’Amérique. Un accès continu aux motorisés sur ce sentier va probablement compacter le sol, causant un ruisellement pluvial accéléré et de l’érosion. Le surfaçage des sentiers va encourager un accès accru par les véhicules motorisés qui pourraient les mener à continuer à monter jusqu’au sommet fragile de cette montagne. Cela est complètement inapproprié dans un parc désigné à l’état naturel, » ajoute Clowater.
« Depuis plus de huit ans, les Ami(e)s du Parc provincial du Mont Carleton Inc. ont travaillé avec diligence afin de promouvoir, préserver et protéger le milieu sauvage naturel et les écosystèmes du Parc. Nous avons travaillé pour développer ce que nous pensions être une bonne relation de travail avec le Ministère du Tourisme, du Patrimoine et de la Culture. L’annonce de l’infrastructure d’un carrefour pour la motoneige est arrivée sans avertissement, ni consultation avec notre groupe, » déclare Susan Mulherin, Présidente des Ami(e)s du Parc provincial du Mont Carleton Inc.
« Les Amis se sont engagés à travailler en collaboration avec le Ministère, tout en s’assurant que l’on maintienne l’intendance du parc, et que la protection de l’environnement, de l’habitat des animaux et le patrimoine soit reflétée dans toutes les politiques et programmes. Nous sommes préoccupés que dans ce cas-ci, cela ne se produit pas. Assurément, un compromis peut être réalisé qui respecte nos aires protégées et qui répond aux intérêts des motoneigistes, » ajoute Mulherin.
Aucune discussion publique à savoir si un sentier de motoneige est compatible avec les sections les plus sauvages d’un parc à l’état naturel
Le Parc du Mont Carleton est le seul « Parc provincial à l’état sauvage » qui a été classifié ainsi dans les révisions à la Loi sur les parcs en 2014. Ces mêmes révisions mandataient le Ministère du Tourisme, du Patrimoine et de la Culture à mettre au point des Plans de gestion des ressources pour les parcs provinciaux, faisant état des utilisations récréatives qui seraient compatibles avec la conservation des aires naturelles de ce parc.
« Nous sommes très préoccupés que le Ministère pourrait considérer de prendre une décision irréversible, telle que celle-ci, avant que le Plan de gestion des ressources et le zonage connexe soient discutés publiquement et approuvés. Le Ministère est donc prêt, par le fait même, à décider que les véhicules motorisés sont permis dans les aires de conservation dans un parc à l’état naturel, ce qui va créer un précédent duquel il sera difficile d’en revenir.
« Permettre des loisirs motorisés dans l’une des parties les plus sauvages d’un parc à l’état naturel n’est pas cohérent avec la gestion normale des zones sauvages dans ce type de parc à travers le Canada et les États-Unis. Si le sentier qui monte le Mont Carleton est surfacé pour utilisation par les motoneiges, cela va empêcher son utilisation par les gens qui veulent vivre une expérience de qualité en milieu sauvage en faisant de la raquette ou du ski de fond dans cette partie du parc, » affirme Clowater.
« Il est important pour les touristes, qui sont attirés par les zones sauvages, que le marketing du Parc provincial du Mont Carleton en tant que destination de nature sauvage soit appuyé par une gestion qui soit cohérente avec l’expérience de qualité en milieu sauvage, » ajoute Clowater.
« Il s’agit d’un des premiers tests de la Loi sur les parcs révisée, que notre organisation avait applaudit comme étant un pas dans la bonne direction pour la modernisation de l’approche du Nouveau-Brunswick envers la gestion des parcs. Si le sentier est approuvé sans processus d’engagement du public ou d’analyse environnementale, selon nous le gouvernement aura échoué ce premier test de notre nouvelle législation, » explique Clowater.
La SNAP recommande que le gouvernement provincial prenne le temps d’évaluer les impacts potentiels de ce projet, d’entamer des consultations avec le public et les parties prenantes, et ensuite déterminer si le Mont Carleton est un endroit approprié pour un tel développement.